Christophe Colomb
Gênes, 1450 - Valladolid, 1506
« Pour ce qui est des limites de l'infranchissable Océan,non seulement personne n'a entrepris de les décrire,
mais encore il n'a été donné à aucun mortel de les dépasser... »
Le célèbre historien Jordanès, 1492
Christophe Colomb (Cristobal Colón en espagnol) est originaire de Gênes en Italie et issu d'une longue lignée de marins (même si sa véritable origine reste cependant mystérieuse). Selon la description faite par l'un de ses fils Diego, était « d'une taille au-dessus de la moyenne, il avait le visage allongé, assez plein, assez coloré, et n'était, en réalité, ni gras ni maigre... Affable avec tous, il se montrait avec les siens d'une douceur rare, en gardant toujours la plus digne gravité. » C'est un lecteur attentif du récit de Marco polo : « Le livre des merveilles du monde » ou « Il Milione » (on retrouvera un exemplaire commenté de sa main). Il connaît aussi les écrits de Ptolémée, d'Aristote ou d'Isidore de Séville, et il est convaincu, comme d'autres déjà à cette époque, que la Terre est ronde et qu'il est possible d'atteindre la mythique « Cipango » (La Chine) en prenant le chemin vers le Ponant. Il y a peu, les îles des Açores ont été découvertes et les marins qu'ils rencontrent ne font que renforcer ses intuitions. Le mythe de l'Atlantide de Platon est aussi présent dans son esprit. Son projet le taraude, il cherche un mécène pour financer une expédition. Il se fixe à Lisbonne au Portugal en 1477 où son frère cartographe Bartolomeo tient une officine réputée. Les navires portugais cinglent vers toutes les mers du monde connu pour livrer commerce, avec succès ! Ils vont jusqu'en Indes chercher l'épice mais la route reste longue et périlleuse. Trouver une voie plus rapide ne peut que les intéresser... Il rencontre le roi Jean II en 1484 mais celui-ci ne pense alors qu'à l'Afrique...
Finalement, c'est auprès du Roi d'Espagne Ferdinand d'Aragon et surtout de la Reine Isabelle de Castille qu'il obtient le financement pour son expédition (grâce à l'appui de Louis de Saint Angeun et d'un certain Juan Perez qui l'introduit à la cour et qui se trouve être le confesseur de la reine Isabelle la Catholique). Il aura fallu sept ans pour les convaincre... Mais sa conviction à lui, il a eu le temps de se la forger. Il a écouté pendant des années les récits des marins perdus ou naufragés. Il a relus les cosmographes comme Strabon, Ptolémée et Aristote. Il est persuadé maintenant que la Terre est ronde : si c'est bien le cas, il est possible de la contourner !Il sait aussi que les Indes sont immenses (personne n'est encore allé jusqu'à son extrémité) et qu'elle doivent « s'étendre sur plus de quinze heures... » (c'est à dire 15/24e de la circonférence de la Terre à l'équateur), ..., il ne devait rester que neuf parties à franchir pour aller d'un point extrême à l'autre ». Ses déductions deviennent des certitudes, mais pour convaincre le Roi d'Espagne et sa reine, il a davantage joué sur la dimension religieuse de son projet plus que pour les perspectives de débouchés commerciaux : il y aura des âmes à convertir et la reine n'est pas restée insensible à cet argument. Il savait aussi que la conférence réunie pour juger de l'utilité de son projet n'allait pas lui faire de cadeaux : pourquoi lui pourrait réaliser ce que personne n'avait jusque-là envisagé... Comme le dira un de ses détracteurs, l'historien Jordanès : « Les limites de cet océan ne sont connues que de Celui qui les a établies ».
L'accord du Roi (et surtout de la Reine) est inespéré mais on peut le comprendre si l'on se replonge dans cette période quasi-mystique que viennent de vivre les Espagnols. L'Espagne vient de reconquérir bravement son territoire sur les Musulmans avec la prise de Grenade et on y a vu là la main de Dieu. Le Roi d'Espagne peut maintenant se tourner vers d'autres horizons. Il faut bien voir que ces hommes étaient tous profondément croyants et que rien sur Terre ne se fait sans l'assentiment de Dieu. Pourtant le temps presse. Les Génois, les Vénitiens et les Portugais ont pris de l'avance dans la reconnaissance des nouvelles routes commerciales. Beaucoup partagent le point de vue de Colomb pour leur couper la route des Indes. De plus, l'expansion ottomane en Méditerranée risque de verrouiller définitivement les routes marchandes traditionnelles et terrestres vers les Indes. Le seul véritable problème, c'est la question des distances à parcourir. Colomb l'estime à environ 750 lieues (4000 km), mais personne n'en sait rien... C'est énorme pour l'époque : l'expédition est un pari, mais si il réussit...
Il se rend aussitôt à Palos de Moguer, le 12 mai, avec les lettres royales lui permettant d'armer des navires. Le vendredi 3 août 1492 avec 90 marins (des Basques et des Andalous qu'il a eu du mal à recruter) et trois navires : La Niña (La mignonne), La Pinta (La Fardée) et la caravelle Santa-Maria (en fait, une caraque de 25 m, un navire énorme pour l'époque, et elle ne prendra ce nom que lors des voyages ultérieurs de Colomb). Il fait escale aux îles Canaries pour réparer les premières avaries. Mais, rapidement, les marins s'inquiètent. Le vent souffle constamment vers l'ouest puis cesse totalement. Les jours passent et Colomb doit mentir sur la grande distance parcourue pour ne pas les effrayer davantage (on saura plus tard que ces calculs était erronés). Les équipages, bien que disciplinés, commencent à douter de la réussite de l'expédition. Malgré les nombreux indices qui semblent leur indiquer qu'ils sont sur la bonne voie, ils souhaitent prendre le chemin du retour, estimant que leur périple les a mené plus loin qu'aucun homme n'était jamais allé et que c'est déjà un grand honneur (l'histoire racontant que les marins se seraient mutinés, le 10 octobre, est absolument fausse : même dans les pires moments ils se montreront fidèle à leur commandant, mais cela changera lors des expéditions suivantes...). Colomb ne cède pas et continue sa route tout droit : il n'y a plus de temps à perdre. Des oiseaux« pélagiques » sont aperçus. Des masses herbeuses (dans la fameuse Mer des Sargasses) flottant au gré des courants rassurent d'abord les équipages (croyant à de l'herbe terrestre) mais, de plus en plus étendues, elles finissent par encercler les navire et risquent même de les immobiliser...
Les oiseaux qui les survolent sont de plus en plus nombreux : fous, phaétons, pétrels... Mais pas de terre. Tous les soirs, les équipages entonnent les« Salve Regina ». Colomb repense à Moïse qui, emmenant les Hébreux hors d'Egypte, sollicita une aide de Dieu. Les hommes scrutent chaque parcelle d'horizon, recueillent tous les débris qui flottent sur la mer, pêchent tous les poisons passant à leur portée... Un rameau qui porte de petites fleurs est recueilli par un marin de la Pinta. Puis, c'est un bout de bois indubitablement taillé de main d'homme flottant sur l'eau. Enfin, ce sont des oiseaux « terrestres » qui apparaissent dans le ciel. Cela ne fait plus aucun doute, la terre est proche :
« Quatre phaétons apportent l'annonce de la proximité de la terre ;un tel rassemblement d'oiseaux du même genre prouvait
qu'il ne s'agissait , ni d'égarés, ni de vagabonds. »
Journal de Colomb, 1492
Dans la nuit du 12 octobre 1492, à 2 H 15 exactement,le gabier, Juan Rodriguez, peut s'écrier : « Terre, Terre ! ». Il ont enfin atteint leur but. La traversée de l'Atlantique depuis les Canaries a duré 35 interminables jours :
« Quand le jour fut venu, ils virent devant eux une île de quinze lieues environ, sans montagnes, pleines d'arbres verts, arrosée par de très belles eaux, et au milieu de laquelle était un grand lac. Cette île était évidemment fort peuplée... Aussitôt débarqués, tous, ayant rendu grâce à Notre-Seigneur, s'agenouillèrent sur la terre et la baisèrent avec des larmes de joie. L'Amiral, s'étant relevé, déclara donner à cette île le nom de Saint-Sauveur. »Fernando Colomb, d'après le livre de bord de Christophe Colomb
C'est une des îles des Bahamas (San salvador ou Samana Cay). Au lever du soleil, ce que les Espagnols découvrent est un véritable paradis. L'île tropicale est recouverte d'une végétation luxuriante, bordée de grandes plages de sable blanc, au milieu d'une eau turquoise. Il fait chaud. Du navire, les marins peuvent apercevoir des hommes et des femmes nues à la peau brune qui leur font des signes. Il croit d'abord avoir touché le Japon. Colomb débarque et s'agenouille sur cette terre et remercie Dieu pour lui avoir donné ce qu'il avait tant espéré. Il plante l'étendard et la croix et baptise l'île du nom de San Salvador (Saint Sauveur) au nom du Roi catholique. Ils rencontrent ces Indiens et fait commerce avec eux :
« De mœurs tout à fait primitives, ces gens allaient nus comme au jour de leur naissance... Leur figure était assez agréable, et de traits assez réguliers, quoique que l'extrême grandeur de leur front leur donnât un air étrange et sauvage. Bien conformés, ils étaient de taille moyenne, d'une carnation ferme ; ils avaient le teint olivâtre... Quelque-uns brûlés du soleil étaient complètement peint en noir, en blanc ou en rouge... Certains n'avaient de peint que le visage, le tour des yeux ou le nez... »Puis, il part immédiatement à la recherche des « maisons aux toits d'or » décritent par Marco Polo. Il rencontre les Indiens Lucayas qui nomment leur île « Guanahani », mais se sont des sauvages et les anneaux en or qu'ils portent aux oreilles semble être rare et sans intérêt pour eux : ce n'est pas eux qui le travaillent... Puis il aborde Cuba et Haïti qu'il baptise « Hispaniola » (L'île Espagnole). Là, il est émerveillé par ces indiens beaux et nus qui le reçoivent avec tous les honneurs : ce sont des Taïnos (qui signifie « nous sommes des hommes de bien ») et des Caraïbes ( « Les guerriers courageux »). Ils vivent comme dans un paradis terrestre qu'il n'osait même pas imaginer. Ils portent des bijoux en or pur et affirment qu'il existe bien, près de là, un royaume regorgeant d'or... Rassuré, et embarquant sept indigènes, il retourne en Espagne en mars 93. Il laisse à La Navidad (La Nativité), la première « ville » espagnole du Nouveau Monde, sur l'île d'« Hispaniola », une troupe de 39 hommes : l'un de ses navires s'étant échoué sur des récifs, il faut laisser là des volontaires...
Ces hommes auront pour mission de bâtir les fondations d'une cité, tête de pont pour la colonisation de la région. Les deux navires repartent vers l'est mais le capitaine en second de l'expédition, Martin Pinzón commandant La Niña, prend une autre route en espérant doubler Colomb et arriver en Espagne le premier et ainsi s'attribuer la découverte. Pinzón arrive le premier en Galice mais le Roi, constatant le subterfuge, lui interdit de paraître devant ses yeux : humilié, il tombe malade et meurt à ce moment-là... Colomb arrive enfin : le Royaume lui réserve un accueil triomphal... Il traverse l'Espagne à pied jusqu'à Barcelone où se trouve le Roi et sa cour, exhibant sur son passage ses trophées et accompagné des Indiens nus recouvert de plumes multicolores... Il aura le privilège de s'asseoir à la droite du Roi tel l'héritier royal. Son triomphe est total.
Le second voyage, de septembre 93 à juin 96, est appuyé par des moyens plus conséquents : 17 caravelles et plus de 1500 hommes, et on refuse du monde :
« On engagea non seulement des artisans de diverses industries, mais aussi des agriculteurs pour mettre les terres en rapport. D'ailleurs l'appétit de l'or s'était emparé de tant de gens, même des plus hautes conditions, que l'on dut refuser d'admettre beaucoup de ceux qui venait en foule demander à faire partie du voyage. »Il doit prendre désormais possession au nom du Royaume d'Espagne de toutes les terres qu'il découvrira. Le Pape Alexandre VI a donné sa bénédiction. Le Roi a signé les « Capitulations » de Santa Fé par lequel Colomb devient « Grand Amiral de la Mer Océane » et surtout « Vice-roi des Indes ». Il faut dire que les conséquences de sa découverte sont encore insoupçonnables et de ce fait il a donc pu obtenir du Roi des droits et des privilèges exclusifs... et exorbitants.
« Pendant la nuit du 2 Novembre, (après 17 jours de mer calme), Colomb, comprenant à l'état des vents et au mouvement des nuages que l'on devait être dans le voisinage d'une terre, fit carguer la plus grande partie des voiles et ordonna que chacun fît bonne garde. Ses prévisions étaient justes, car aux premières lueurs de l'aube, l'on vit apparaître, à quelque sept lieues à l'ouest de la flotte, une île haute et montagneuse à laquelle l'Amiral, parce qu'il l'avait découverte le dimanche, donna le nom de : Dominique ».Puis, il se dirige vers le nord-ouest, atteint la Guadeloupe et la Martinique (les Indiens appelaient leur l'île Madinina ou Martinino, ce qui signifiait selon leur langue « l'île aux fleurs ». Subjugué par la beauté de ces îles, Colomb écrit : « c'est la plus belle chose que j'ai jamais vue, aussi ne puis-je fatiguer mes yeux á contempler une telle verdure ». Il retourne à Cuba qui semble être la plus grande île de l'archipel. Il découvre que les hommes de La Navidad ont été massacrés et certains même dévorés par les autochtones... Il comprend vite que de puissantes rivalités animent les différentes tribus de l'île. Il va falloir être diplomates avec ces Indiens qui ne sont pas aussi dociles que prévu. Il fonde alors la ville d'Isabelle, devient officiellement gouverneur de la région et repart à la recherche de la Chine...
De l'autre côté de l'île, il fonde Saint-Domingue. Mais finalement il ne découvrira que l'île de la Jamaïque. Le doute s'installe dans son esprit. Il doit repartir et confie à son frère Bartolomé le poste de Gouverneur. Le doute s'installe dans son esprit. Son retour en Espagne sans les richesses promises commence à semer le trouble : dit-il toute la vérité ? La petite quantité d'or qu'il rapporte ne paye même pas les frais de l'expédition. Même si les indiens qu'ils rencontrent portent des bijoux en or, offrent des masques garnie d'or, parlent d'une région, Bohio ou Bavèque, où celui-ci abondent, et même s'il découvre une rivière qu'il baptise « Rivière de l'or », les recherches de Colomb restent souvent infructueuses : « Il leur avait été démontré, que même dans ces pays, on ne pouvait acquérir l'or ni sans recherches ni sans peine, qu'il fallait, au contraire, du temps et de l'industrie... » Les faibles quantités d'or qu'il rapporte en Espagne jettent le trouble sur le bien-fondé de son expédition. Il se retrouve discrédité et il lui faudra attendre 5 ans avant de pouvoir monter une nouvelle expédition.
Le troisième voyage, en 1498, le fait débarquer sur le continent, probablement au Salvador. Il longe la côte jusqu'au fleuve Orénoque (Venezuela). Aucune ville, aucun champ cultivé, aucune trace de civilisation et un peu d'or... Il rate de peu le Mexique où fleuri pourtant la brillant civilisation des Mayas. Il lui faut envisager l'hypothèse qu'il a découvert une « quatrième partie de monde ». Entre-temps, les autres navires qui font la traversée ont rapporté en Europe l'échec de l'expédition et une bonne partie des hommes restés à « Hispaniola » se sont rebellés. Le Roi perd patience : il faut remettre de l'ordre dans tout ce gâchis. Colomb est accusé des pires intentions par ses ennemis. Le Roi d'envoyer là-bas un émissaire chargé de reprendre en main la colonie de l'île Espagnole, un certain Francisco de Bobadilla, et de punir Colomb si cela s'avère nécessaire...
Le 25 Mai 1500, sur ordre du Roi, Francisco de Bobadilla débarque à Hispaniola, destitue Colomb et le renvoie en Espagne enchaîné par des fers. L'aventure tourne au désastre... et son esprit commence à vaciller. Sous le commandement despotique de Bobadilla les choses tournent rapidement à la catastrophe. Les hommes brutalisent et volent les Indiens : tous le travail « politique » de Colomb est ruiné. Rentré en Espagne le 20 novembre, déchu et enchaîné, il écrit au Roi. Celui-ci, convaincu de la fidélité de son Amiral, le remet aussitôt dans la dignité de ses fonctions. On décide de nommer un homme au dessus de tout soupçon, Don Nicolas d'Ovando, et de l'envoyer à l'île Espagnole pour juger les crimes de Bobadilla. Colomb a pris conscience maintenant que sa découverte lui échappe...
La Reine le soutient toujours et il peut de nouveau quitter Cadix le 11 mai 1502 pour son quatrième voyage. Il part avec 4 caravelles, 140 hommes dont son propre fils, Fernando (il n'a que 14 ans). L'expédition lui permet d'explorer les côtes de l'Amérique centrale (Belize, Costa-Rica, Honduras...) jusqu'au golfe de Darién (entre la Colombie et le Panamà). Il pense être à quelques jours de l'embouchure du Gange... Le 29 juin, il arrive devant le port de Saint-Domingue mais le commandeur de la place lui interdit d'accoster alors même qu'une terrible tempête se prépare. Désabusé, il constate que son autorité n'a plus beaucoup de valeur... L'or n'abonde pas vraiment et les terres qu'il aborde ne ressemblent vraiment plus au paradis terrestre qu'il disait avoir découvert lors de ses délires mystiques. En juin 1503, épuisé, malade, les yeux rongés par le sel marin, il s'échoue en Jamaïque. Il pense être vite secouru mais le temps passe sans qu'aucun bateau n'apparaisse : le gouverneur de l'île Espagnole, le préfet Porras, ne semble pas s'inquiéter outre mesure de son sort : il attendra huit mois avant de voir arriver les secours, et encore... C'est grâce à Diègue Mendez, l'un de ses fidèles, qu'il réussit à regagner le port. Son autorité sur le Nouveau Monde lui échappe et sa présence sur l'île ne tient plus que grâce à la présence de quelques fidèles de la première heure. Il rentre en Espagne, restant persuadé qu'il avait abordé les côtes de l'Asie.
Le 7 novembre 1504, il débarque sans gloire en Espagne. Sa protectrice, le reine Isabelle, meurt quelques temps plus tard, le laissant sans appui auprès de la cour. On l'écarte, on le calomnie, on le maudit même. Il dira de lui même fataliste qu'il a « une réputation si mauvaise, que si j'élevais des églises et des hôpitaux, on dirait encore que ce sont là des repaires de voleurs ». Christophe Colomb meurt le 20 Mai 1506 à Valladolid, dans une indifférence totale. Il ne sera « réhabilité » que bien plus tard. On ne peut s'empêcher de lui vouer un grand respect en lisant son histoire. Mais son obstination aveugle à nier l'évidence, et l'échec, relatif, de son expédition, feront que ce continent qu'il avait découvert ne portera jamais son nom :
« L'Écriture sainte témoigne que Notre Seigneur fit le paradis terrestre, qu'il y mis l'arbre de vie et que delà sort une source d'où naissent en ce monde quatre fleuves principaux... Je ne trouve pas ni n'ai jamais trouvé un écrit des Latins ou des Grecs qui, d'une manière certaine, disent quel point de ce monde est le paradis terrestre... Je suis convaincu que là est le paradis terrestre, où personne ne peut arriver si ce n'est par la volonté divine... Je crois que cette terre dont vos Altesses ont maintenant ordonnée la découverte sera immense et qu'il y en aura beaucoup d'autres dans le Midi dont on n'a jamais eu la connaissance... Et je dis que si ce n'est pas du Paradis terrestre que vient ce fleuve (l'Orénoque), c'est d'une terre infinie de laquelle jusqu'à présent il ne s'est rien su. Toutefois, je tiens en mon âme pour très assuré que là où je l'ai dit se trouve le Paradis terrestre... »Lettre au Roi Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille
Cette découverte, c'est un ami de Colomb qui allait en tirer tous les bénéfices : le florentin Amerigo Vespucci. En 1499, il est parti sur les traces de l'Amiral vers le Venezuela. Mais c'est pour estimer, avec son oeil de marchand, la richesse exploitable de ces nouvelles terres. Et effectivement, les richesses sont là : l'or bien sûr, mais surtout l'argent (Guanajuato, Taxco, Potosi...). Des terres cultivables : il y a le maïs, la tomate, le chocolat (des mots aztèques), le tabac... Oui, ce Nouveau monde est plein de promesses. En 1506, il publie un récit, « Mundus Novus », dans lequel il prétend avoir touché le premier le continent en 1497. Le cartographe allemand Waldeseemüller, trompé par les écrits de Vespucci, lui attribue la découverte du nouveau continent et le baptise alors : « Americi Terra », l'Amérique... L'histoire est parfois cruelle !
Christophe Colomb n'a jamais foulé la terre du Mexique et ce n'est qu'en février 1519 (27 ans après la découverte !) que Hernán Cortès et son armada touche le sol du Yucatán. Le Mexique entre en scène...
Pour en savoir plus sur la vie de Christophe Colomb et ses voyages vers le Nouveau Monde, je vous conseille de lire le récit de sa vie écrit par son fils Fernand Colomb, qui l'accompagna d'ailleurs lors de son dernier voyage vers le nouveau continent. Ce récit, digne de confiance, et sûrement enjolivé, n'en reste pas moins pour l'essentiel authentique et autorisé. Il vaut tous les récits d'aventure et dévoile la personnalité forte et sage de cet homme qui eu plus à lutter contre ses rivaux espagnols que contre les Indiens sauvages qu'il rencontra et que contrairement à la majorité de ses contemporains, il les considérera toujours comme des hommes :
« Les indiens sont, à la vérité, gens de cœur excellent, ignorant la cupidité, plein de douceur ; aussi, puis-assurer à Vos Altesses qu'il n'est au monde ni meilleurs hommes, ni meilleur pays. Ils aiment leur prochain comme eux-même. Ils ont une façon de parler toujours souriante, la plus douce, la plus affable qui se puisse imaginer. Hommes et femmes, à la vérité, vont nus comme au jour de leur naissance, mais Vos Altesses peuvent croire cependant qu'ils ont des mœurs fort pures. Ils servent avec un grand respect leur roi qui, du reste, est aussi continent que digne en tous points. Ils ont, du reste, une très heureuse mémoire et une grande curiosité d'esprit, qui les portent à questionner beaucoup sur toutes choses. »Lettre de Colomb au Roi Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille
Post-scriptum
Les vestiges du corps de Christophe Colomb identifiés avec une « fiabilité absolue »
Informations basées sur un article du magazine NewsWeek (11 octobre 2024)
Des restes humains retrouvés dans la cathédrale de Séville en Espagne ont été définitivement identifiés comme ceux du célèbre navigateur Christophe Colomb après plus de 20 ans d'analyses ADN par des scientifiques experts en recherche médico-légale.
Christophe Colomb était un explorateur qui a mené des expéditions depuis l'Espagne vers les Amériques au XVe siècle, pour le compte du Roi d'Espagne Ferdinand d'Aragon et avec l'accord du Pape, ouvrant la voie à de nouvelles découvertes et la colonisations des territoires du Nouveau Monde. Ses restes sont conservés dans une tombe de la cathédrale de Séville depuis 1899. Avant cette date, ils se trouvaient à La Havane après avoir séjourné à Saint-Domingue, la capitale de la République dominicaine ainsi que dans plusieurs villes espagnoles où ses reliques avaient étaient dispersées comme cela se faisait l'époque pour les personnalités d'importance.
Pour rappel, il est mort à Valladolid (Espagne) le 20 mai 1506 : sur sa tombe, le Roi ordonna que l'on inscrive : « Colomb donna le Nouveau Monde à la Castille et León ». Ses restes demeurèrent à Séville jusqu'à ce que Doña María de Toledo, lors de son quatrième voyage vers le Nouveau Monde, les ramène à Hispaniola (actuelle Haïti) avec ceux de son mari, Don Diego Colomb (fils aîné de Christophe même si cela reste en question), afin qu'ils soient enterrés ensemble selon ses dernières volontés... A la fin du XVIIIe, il est transféré à Cuba, d'où il repart en Espagne en 1898. Avec tous ces déplacements connus des ossements de Colomb, des doutes avaient surgi quant à savoir si les restes retrouvés à Séville étaient réellement les siens...
Les réponses à ces questions, qui hantaient nombre d'historiens, se trouvaient finalement dans une boîte métallique poussiéreuse pas plus grande qu'un téléviseur dans la cathédrale de Séville... L'équipe a également enquêté sur le lieu de naissance de Colomb. Bien qu'il ait souvent été identifié comme étant originaire de Gênes en Italie, il existe d'autres théories sur son véritable lieu d'origine et les scientifiques légistes ont eu recours à une nouvelle analyse ADN approfondie pour le découvrir.
Une équipe internationale de scientifiques légistes, dirigée par José Antonio Lorente Acosta de l'Université de Grenade en Espagne, a donc enfin déterminé avec une « fiabilité absolue » - selon ses propres termes - que ces os sont bien ceux de Christophe Colomb. Cette découverte fait suite à une analyse ADN qui a comparé les restes de Colomb avec ceux de son fils, Hernando, et de son frère, Diego, qui sont enterrés eux aussi dans la cathédrale de Séville pour déterminer avec exactitude les liens de sang familiaux.
Effectivement, l'objectif des chercheurs était de « faire parler les morts », selon l'expression de l'historien en charge du projet Marcial Castro. Les travaux avaient débuté en 2003, lorsque Lorente Acosta et l'historien Marcial Castro ont obtenu l'autorisation d'ouvrir la tombe de Colomb. Cependant, la technologie disponible à l'époque a donné des résultats positifs mais peu concluants et chaque analyse a détruit un minuscule fragment d'os, ce qui a obligé les scientifiques à arrêter la recheche.
Les progrès technologiques de ces dernières années et les nouvelles analyses ont donc permis d'obtenir des résultats plus concluants : il s'agit bien de Christophe Colomb ! Mais l'histoire n'est pas terminée et désormais les scientifiques se posent une autre question qui reste d'importance : d'où venait vraiment Christophe Colomb ?
Plus d'infos :
« Les vestiges du corps de Christophe Colomb identifiés avec une "fiabilité absolue" » (en.) - Article du magazine NewsWeek (11 octobre 2024)
« Les origines italiennes de Christophe Colomb remises en question par une analyse ADN » - Article du journal Le Figaro (1 juin 2021)