Histoire du Mexique
Hernán Cortès (1485-1547)

Hernán Cortès

Le conquérant du Mexique

Medellin, Espagne (1485) - Castilla de la Cuesta, Espagne (1547)

Christophe Colomb n'a jamais foulé les terres du Mexique et ce n'est qu'en février 1519 - 27 ans après la découverte du nouveau monde - qu'Hernán Cortès et son armada touche enfin le sol de cet immense territoire encore largement inconnu... Et qu'il se chargera de conquérir...

Hernán Cortès est un homme de la noblesse. Il a étudié à l'université de Salamanque et il connaît bien la stratégie militaire. Il rêve aussi du Nouveau Monde... et veut s'y faire un nom. Il fait un premier voyage en 1504 vers l'île Espagnole (Haïti). Et un second vers Cuba en 1517. Arrivé sur place, il devient rapidement le secrétaire du gouverneur de l'île : Vélasquez. Il peut constater la mainmise sur ces nouvelles terres de quelques nobles et, comme beaucoup d'autres, il se sent spolié. Il estime que les richesses du Nouveau Monde méritent d'être partagées et espère en secret monter sa propre expédition pour changer les choses. Il est informé du succès de Francisco de Hernández de Córdoba vers le Yucatán où il a découvert la ville sacrée de Tulum (à ce propos, la légende raconte que le mot viendrait d'un malentendu : Córdoba aurait demandé aux Indiens qu'il venait de rencontrer là pour la première fois comment ils appelaient leur pays, quelqu'un lui aurait répondu : « Yukatán », ce qui signifie : « je ne comprends pas ce que vous dites »...). On sait maintenant que les îles des Caraïbes cachaient un continent. Et ce continent est immenses et la population y est nombreuse.

Il faut mener désormais des expéditions d'envergures et bénéficier de l'effet de surprise. Le gouverneur de Cuba, Diego Velázquez de Cuéllar, projette une expédition exemplaire. Il peut aligner 11 navires mais il lui faut un homme de confiance pour la diriger. Il connaît Cortès et il se laisse convaincre par l'enthousiasme du jeune aristocrate : Cortès, il est vrai, n'a à ce moment que 33 ans... Mais Velázquez sait aussi que l'entreprise est risquée et quand il se ravise, il est déjà trop tard : Cortès a largué les amarres ! L'histoire est remplie de détails comme celui-là, et notamment pour le futur de l'histoire du Mexique...

Hernán Cortès et sa troupe arrivant à Tenochtitlán...
Hernán Cortès et sa troupe arrivant à Tenochtitlán...

En 1519, Cortès débarque au Yucatán avec 600 hommes, quelques canons, 13 mousquets et 16 chevaux. Faute d'instructions royales, son expédition n'a pas de but précis. Il prend possession des terres qu'il découvre au nom de la Couronne d'Espagne : « En marquant un arbre de trois coups de sabre et en proclamant qu'il résisterait par les armes à quiconque objecterait à son action ». Cette troupe ressemble plus à une bande de mercenaires qu'à une véritable armée. Les premiers Indiens qu'ils rencontrent sont vite exterminés. La région qu'ils ont abordés, recouverte d'une vaste forêt tropicale, n'est pas très peuplée. Il fait des prisonniers parmi lesquels une femme,« Tenépal », fille d'un chef Chontale vaincu. Cortès tombe amoureux... Elle se nommera désormais « la Malinche » puis, une fois convertie « Doña Marina ». Elle deviendra sa maîtresse et sa plus fidèle conseillère pour la suite de son expédition. Elle connaît son pays et la mentalité de ces différents peuples... Et, surtout - de par son histoire personnelle -, elle connait et pratique les différentes langues de ces Indiens que les Espagnols rencontrent dans leur périple. Même si c'est l'or plus que la gloire que recherchent ces hommes ; pour Cortès, le plus beau trésor à ce moment-là c'est bien sa « la Malinche ». Il met le cap vers le nord-ouest et débarque à Veracruz.

La « Malinche » et Cortès
La « Malinche » et Cortès

Leur arrivée n'est pas passée inaperçue. On les a signalé à l'Empereur aztèque Moctézuma II qui se trouve à Tenochtitlán. Mais là, sur les plateaux de l'Anáhuac - au centre du Mexique actuel -, c'est un empire de 10 millions de personnes que Cortès va devoir affronter. Par une curieuse coïncidence, il arrive au bon moment : une comète est apparue dans le ciel et les bons présages se multiplient. L'empereur Moctézuma lui-même s'inquiète. Qui sont ces inconnus dont on dit qu'ils ont la peau blanche et les cheveux rouges (Cortès a les cheveux roux ?). Et ces monstres qui les accompagnent semblant tout droit sortis de l'enfer (les chevaux !) Serait-ce le retour du Dieu Quetzalcoátl ?

L'Empereur Moctézuma II observant la comète de 1518 - Extrait du « Codex Durán »
L'Empereur Moctézuma II observant la comète de 1518
Extrait du « Codex Durán »
« Ils avaient de tout temps planifié les événements à suivre, prévu la future histoire.
Dans les nuages de la théocratie, ils avaient consulté les oracles, interprétés fumées et comètes ;
ils s'étaient mis à rêver pour trouver dans leurs songes la clef de l'énigme des nouveaux arrivants,
et nous étions leur rêve. »

Pino Cacucci

Les prophéties racontent que le retour de Quetzalcoátl précédera de peu la fin du cycle du « 5ème Soleil », la fin du monde. Inquiet, Moctézuma envoie des émissaires pour ramener ces inconnus à Tenochtitlán. Où ils seront finlement accueillis comme des Dieux... Enfin, ça, c'est la belle histoire... Loin du roi naïf et enfermé dans sa tradition et son palais, il a sûrement reçu Cortès en vertu de l'hospitalité d'usage réservée aux ambassadeurs étrangers et ce n'est qu'après qu'il se retrouve fait prisonnier par ces Espagnols qui, au départ, ne pensaient pas pouvoir « prendre » la ville. Puis... La mort de Moctézuma reste cependant encore en partie mystérieuse : alors qu'il arranguait ses sujets de Tenochtitlán pour leur demander de se soumettre aux envahisseurs, la foule lui aurait alors lancé des pierres... le tuant sur le champ. On soupçonne qu'en coulisse son cousin Cuauthémoc, ayant choisit de se rebeller, aurait finalement laissé faire le régicide... On dit aussi qu'il aurait été assassiné par les Espagnols, ainsi que tout son entourage, lors de leur fuite précipité le soir de la célèbre Noche Triste.

Tenochtitlan, la vie des Aztèques - Fresque de Diego Rivera - Agrandir le tableau...
« Le Marché de Tlatelolco, la porte de Tenochtitlán »
Fresque de Diego Rivera

Les renseignements de la Malinche (dont il ne faudra pas ignorer l'importance tout au long de notre histoire...) et des traîtres indiens lui font comprendre qu'il peut se faire des alliés de poids parmi les tribus asservies jusque-là par les Aztèques. Et de citer les Tépanèques et les Totonaques qui se sont ensuite rapidement ralliés à Cortès. Ces peuples auparavant indépendants ne supportent plus le joug de ces maîtres et de voir les leurs plus jeunes hommes atrocement sacrifiés pour des dieux sanguinaires : ils espérent enfin conjurer le sort qui leur est réservé. Et effectivement, régulièrement, des centaines d'hommes, de femmes et d'enfants sont sacrifiés en place publique pour les remplir les obligations des rituels. Une montagne de crânes humains s'entasse sur la grande place que domine la pyramide de Tenochtitlán. Bien avisé, Cortès rencontre en secret les chefs des tribus des alentours, dont celle de Tlaxcala qui souffre plus particulièrement et qui pourtant l'avait combattue peu de temps auparavant avec férocité... Il convainc aussi des tribus Totonaques du sud. Les alliances se renverse... Avec sa petite escouade baroque, il peut prendre la tête d'une coalition de 400000 guerriers pour monter à l'assaut de Tenochtitlán ! Ils massacrent les indiens de Cholula et extermine tous ceux qu'ils rencontrent sur leur route, passent au pied du volcan Popocatépetl pour arriver enfin sdevant les portes de la capitale : « la plus belle ville du monde ». Les Aztèques sont consternés... Leurs pertes sont énormes et pensent réellement que les Dieux de la prophétie sont revenus : ils ont des armes à feu et des animaux qui semblent démoniaques ! Ils savent que ces envahisseurs brûlent des temples et qu'ils ont fondu les idoles en or... Et qu'ils propagent une nouvelle croyance... Le moral des fiers guerriers aztèques est au plus bas. L'empereur Moctézuma lui-même prend peur. Il ne veut pas mener le combat et laisse finalement Cortès et ses hommes rentrer dans la ville...

Hernán Cortès recevant Moctézuma II et la « Malinche »
Hernán Cortès recevant Moctézuma II et la « Malinche »

C'en est fini de l'Empire Aztèque. L'empereur Moctézuma est fait prisonnier : il servira d'otage en cas de problème car son peuple le respecte encore. Nous sommes alors en novembre 1519, Cortès a débarqué il y a neuf mois et il est déjà le maître du Mexique ! Pendant ce temps, une expédition venue de Cuba est sur sa trace : son commanditaire Vélasquez l'a lâché et s'est pour le mettre aux arrêts qu'on vient le chercher jusque là... Habile et rusé, Cortès va au devant de la troupe commandées par Pánfilo de Narváez pour les attaquer mais réussit à les retourner et ils se rangent de son côté après avoir eu la promesse d'une part de butin. Mais, pour le coup, Cortès n'a pas prévu les débordement de son second Alvarado et ses hommes restés en poste dans la capitale. Ils finissent par se mettre à dos la population de la ville : un soir, des Espagnols massacrent des prêtres pendant une cérémonie au cœur même de leur temple pour leur voler leur or : c'est l'épisode du« massacres du Grand Temple ». L'événement est si grave que la population aztèque se soulève franchement contre ses envahisseurs. Les Aztèques se déchaînent et encerclent Alvarado et les espagnols dans les centre de la ville. Mais, Cortès et ses hommes parviennent à pénétrer dans la ville où il se retrouvent rapidement encerclés : la ville est au milieu de la lagune... Pendant l'assaut, et toujours otage, l'empereur Moctézuma est lynché puis tué par une flèche indienne (cette version est contestée). Alors, cette révolte va-t-elle aboutir ?

La situation n'a jamais été aussi dramatique pour les Espagnols. Il n'y aura pas de miracle cette fois-ci : ce soir du 10 juillet 1520, les Espagnols tentent une sortie en direction de Tacuba. Il sont surpris car certains d'entre-eux crient en se noyant sous le poids du butin qu'ils transportent (de l'or, bien sûr !) : c'est la bérézina. Les Espagnols se font tuer les uns après les autres : c'est la fameuse « Noche Triste » (« La Triste Nuit »).

La fameuse « Noche Triste » - 10 juillet 1520
La fameuse « Noche Triste » - 10 juillet 1520
Le massacre des Espagnols par les Aztèques

Cortès réussit à s'enfuir. Il reviendra un an plus tard et tiendra sa vengeance. Aidé de 450000 alliés Indiens, et après 4 jours de siège, Tenochtitlán tombe finalement le 13 août 1521. La défaite du dernier empereur aztèque Cuauhtémoc marque la fin d'une époque et d'un monde. Il est fait prisonnier et sera assassiné sur ordre de Cortès lui-même quelques mois plus tard, loin des siens qui ne sauront rien de la mort de leur empereur. Tenochtitlán est rasée et rebaptisée Mexicó. Le premier geste de Cortès sera de faire consacrer les temples païens et de faire dire la première messe de la nouvelle capitale (scène peinte par José Vivar Valderrama). Cortès est le maître du Mexique et Vélasquez son commanditaire ne risque plus de le faire de tomber en disgrâce : il pourra venir se payer lui-même sur les ruines de l'empire aztèque, l'un des plus grands que le monde ait connu, et qui s'effrondra en quelques mois à peine grâce au génie et à la chance de presque un seul homme...

« La consécration des temples païens de Mexico » par Jose Vivar Valderrama - Datée du milieu du XVIIIe siècle
« La consécration des temples païens de Mexico »
José Vivar Valderrama, milieu du XVIIIe siècle
Palais des beaux-arts de Mexico

C'est un triomphe que lui réserve l'Espagne dès l'annonce de la nouvelle : tout le monde comprend qu'il a réalisé l'impossible. Le roi d'Espagne Ferdinand d'Aragon est mort en 1516 et c'est Charles V, dit Charles Quint, qui va hériter du Nouveau Monde. En 1522, l'empereur, qui n'a alors que 22 ans, le nomme Capitaine Général de l'armée et Gouverneur des terres dont il pourra prendre possession (en fait, le Mexique tout entier !). Dès lors, la Conquête peut se poursuivre, mais le plus dur est fait. Il poursuit donc son exploration méthodique de l'intérieur du pays. Mais Cortès sait que conquérir ne suffit pas, il faut aussi pouvoir vivre sur ces nouveaux territoires et donc qu'il lui faut des hommes pour peupler ce Nouveau Monde. Il insiste auprès de ses hommes pour qu'ils prennent comme épouses les filles des dignitaires aztèques et des autres peuples de l'ancien empire. Et elles sont belles et insouciantes... Cortès avait lui-même montré l'exemple avec « La Malinche ». Ses hommes ne se feront pas prier... Les enfants de ces unions seront les premiers représentants de la future nation mexicaine... En Europe, dans ce qui va bientôt devenir l'ancien monde, Charles Quint peut s'endormir tranquillement en pensant que les terres sur lesquelles il règne désormais sont tellement étendues, de l'Orient à l'Occident, que « jamais le soleil ne se couche... ».

Charles Quint - L'Empereur du Saint Empire... et du Mexique
Charles Quint - L'Empereur du Saint Empire... et du Mexique

Le triomphe de Cortès est vite oublié et, comme pour Colomb, des personnes influentes tentent de le faire destituer. On dit qu'il cache l'importance de ses découvertes et qu'il vole une partie des revenus de l'Empereur. Il serait en fait trop indépendant et Charles Quint finit par se méfier. Il faut mettre en place un contre-pouvoir dévoué à la Couronne pour prévenir toute tentative de rébellion car ls Nouveau Monde fait tourner les esprits. Charles Quint décide de faire revenir Cortès en Espagne en 1527, après l'avoir remplacé et instauré une assemblée - l'« Audiencia » - qui doit contrebalancer les pouvoir du Vice-Roi et contrôler sa gestion à distance. Trois ans plus tard, il doit financer son expédition pour repartir au Mexique : seul et sans aucun mandat. Il pousse ses recherches jusqu'aux côtes du Pacifique, et finit par découvrir une mer qu'il pense être un détroit et qui finira par porter son nom : « la Mer de Cortès ». Il explore une nouvelle terre qu'il baptise : « Californie » (!). Puis, il revient en Europe où il participera même à l'expédition manqué des Espagnols sur Alger en 1541. Mais il ne retournera plus au Mexique... Il meurt en 1547, loin de la cour et dans l'indifférence des ses contemporains. A l'image du destin de Christophe Colomb, il ne restera à Cortès que le simple souvenir de ses fabuleuses conquêtes...

« Je pensais qu'ayant peiné dans ma jeunesse, il me serais profitable de trouver du repos dans mon vieil âge; c'est pour cela que pendant quarante années, j'ai travaillé, me privant de sommeil et mangeant mal sinon pas du tout, chargé du fardeau de mon armure, risquant souvent ma vie, sans ménager mes moyens ni mon temps, au service de Dieu;
pour ramener dans Son troupeau des brebis d'un hémisphères fort éloigné du nôtre... »
« J'ai supplié Votre Majesté à Madrid de daigner me faire savoir si Elle aurait l'infinie bonté de me rémunérer pour mes services...
« Je suis vieux, pauvre et endetté de plus de 20000 ducats... Je n'ai pas un instant quitté la cour, et j'ai trois fils avec moi... »
« Je ne sais combien de fois j'ai supplié Votre Majesté... Le plus vite possible...
Je suis trop vieux pour aller d'auberge en auberge, j'aimerais me fixer quelque part pour faire mes comptes avec Dieu.
« Ce sera long, et il ne me reste plus beaucoup de temps... »

El Marques del Valle de Oaxaca

Extrait de la dernière lettre de Cortès à Charles Quint, datée du 3 février 1544

Sur l'envers de cette lettre, quelqu'un a écrit :

« Nay que responder » "Pas de réponse"

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